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23 novembre 2008

Erik Satie "Mémoires d'un amnésique"

Satie usa aussi de sa légendaire fantaisie pour écrire "Mémoires d'un amnésique", jugez plutôt : *LA JOURNÉE DU MUSICIEN (fragment) L'artiste doit régler sa vie. Voici l'horaire précis de mes actes journaliers : Mon lever : à 7 h. 18 ; inspiré : de 10 h. 23 à 11 h. 47. Je déjeune à 12 h. 11 et quitte la table à 12 h. 14. Salutaire promenade à cheval, dans le fond de mon parc : de 13 h. 19 à 14 h. 53. Autre inspiration : de 15 h. 12 à 16 h. 07. Occupations diverses (escrime, réflexions, immobilité, visites, contemplation, dextérité, natation, etc…) : de 16 h. 21 à 18 h. 47. Le dîner est servi à 19 h. 16 et terminé à 19 h. 20. Viennent des lectures symphoniques, à haute voix : de 20 h. 09 à 21 h. 59. Mon coucher a lieu régulièrement à 22 h. 37. Hebdomadairement, réveil en sursaut à 3 h. 19 (le mardi). Je ne mange que des aliments blancs : des œufs, du sucre, des os râpés ; de la graisse d'animaux morts ; du veau, du sel, des noix de coco, du poulet cuit dans de l'eau blanche ; des moisissures de fruits, du riz, des navets ; du boudin camphré, des pâtes, du fromage (blanc), de la salade de coton et de certains poissons (sans la peau). Je fais bouillir mon vin, que je bois froid avec du jus de fuchsia. J'ai bon appétit ; mais je ne parle jamais en mangeant, de peur de m'étrangler. Je respire avec soin (peu à la fois). Je danse très rarement. En marchant, je me tiens par les côtes et regarde fixement derrière moi. D'aspect très sérieux, si je ris, c'est sans le faire exprès. Je m'en excuse toujours et avec affabilité. Je ne dors que d'un œil ; mon sommeil est très dur. Mon lit est rond, percé d'un trou pour le passage de la tête. Toutes les heures, un domestique prend ma température et m'en donne une autre. Depuis longtemps, je suis abonné à un journal de modes. Je porte un bonnet blanc, des bas blancs et un gilet blanc. Mon médecin m'a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils : — Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place. satieexc **L'Intelligence et la Musicalité chez les Animaux L'intelligence des animaux est au-dessus de toute négation. Mais que fait l'homme pour améliorer l'état mental de ces concitoyens résignés ? Il leur offre une instruction médiocre, espacée, incomplète, telle qu'un enfant n'en voudrait pas pour lui-même : et il aurait raison, le cher petit être. Cette instruction consiste surtout à développer l'instinct de cruauté et de vice qui existe ataviquement chez les individus. Il n'est jamais question, dans les programmes de cet enseignement, ni d'art, ni de littérature, ni de sciences naturelles, morales, ou d’autres matières. Les pigeons voyageurs ne sont nullement préparés, à leur mission, par un usage de la géographie ; les poissons sont tenus à l'écart de l'étude de l'océanographie ; les bœufs, les moutons, les veaux ignorent tout de l'agencement raisonné d'un abattoir moderne, et ne savent pas quel est leur rôle nutritif dans la société que s'est constituée l'homme. Peu d'animaux bénéficient de l'instruction humaine. Le chien, le mulet, le cheval, l'âne, le perroquet, le merle et quelques autres, sont les seuls animaux qui reçoivent un semblant d'instruction. Encore, est-ce plutôt de l'éducation qu'autre chose. Comparez, je vous prie, cette instruction à celle donnée par les universités à un jeune bachelier humain, et vous voyez qu'elle est nulle et qu'elle ne peut étendre ni faciliter les connaissances que l'animal aura pu acquérir par ses travaux, par son assiduité à ceux-ci. Mais, musicalement ? Des chevaux ont appris à danser ; des araignées se sont tenues sous un piano pendant toute la durée d'un long concert, concert organisé pour elles par un maître respecté du clavier. Et après ? Rien. Par-ci, par-là, on nous entretient de la musicalité du sansonnet, de la mémoire mélodique du corbeau, de l'ingéniosité harmonique du hibou qui s'accompagne en se tapant sur le ventre, moyen purement artificiel et de mince polyphonie. Quant au rossignol, toujours cité, son savoir musical fait hausser les épaules au plus ignorant de ses auditeurs. Non seulement sa voix n'est pas posée, mais il n'a aucune connaissance ni des clefs, ni de la tonalité, ni de la modalité, ni de la mesure. Peut-être est-il doué ? C'est possible ; c'est même certain. Mais on peut affirmer que sa culture artistique n'égale pas ses dons naturels, et que cette voix, dont il se montre si orgueilleux, n'est qu'un instrument très inférieur et inutile en soi. Erik Satie. ***RECOINS DE MA VIE L'origine des Satie remonte, peut-être, aux temps les plus reculés. Oui... Là-dessus, je ne puis rien affirmer — ni infirmer, du reste... Cependant, je suppose que cette famille n'appartenait pas à la Noblesse (même du Pape) ; que ses membres étaient de bons et modestes corvéables à merci, ce qui, autrefois, était un honneur et un plaisir (pour le bon seigneur du corvéable, bien entendu). Oui… Ce que firent les Satie lors de la Guerre de Cent ans, je l'ignore ; je n'ai, non plus, aucun renseignement sur leur attitude et sur la part qu'ils prirent à celle de Trente ans (une de nos plus belles guerres). Que la mémoire de mes vieux ascendants repose en paix. Oui... Passons. Je reviendrai sur ce sujet. • Pour ce qui est de moi, je suis né à Honfleur (Calvados), arrondissement de Pont-l'Evêque, le 17 mai 1866... Me voici donc quinquagénaire, ce qui est un titre comme un autre. Honfleur est une petite ville qu'arrosent ensemble — et de connivence — les flots poétiques de la Seine et ceux tumultueux de la Manche. Ses habitants (honfleurais) sont très polis et très aimables. Oui... Je restai dans cette cité jusqu'à l'âge de douze ans (1878) et vins me fixer à Paris... J'eus une enfance et une adolescence quelconques — sans traits dignes d'être relatés dans de sérieux écrits. Aussi, n'en parlerai-je pas. Passons. Je reviendrai sur ce sujet. • Je grille d'envie de vous donner, ici, mon signalement (énumération de mes particularités physiques — celles dont je puis honnêtement parler, évidemment) :... Cheveux et sourcils châtain foncé ; yeux gris (pommelés, probablement) ; front couvert ; nez long ; bouche moyenne ; menton large ; visage ovale. Taille : 1 mètre 67 centimètres. Ce document signalétique date de 1887, époque où je fis mon volontariat au 33 e Régiment d'infanterie à Arras (Pas-de-Calais). Il ne pourrait me servir aujourd'hui. Je regrette de ne pas vous montrer mes empreintes digitales (de doigt). Oui. Je ne les ai pas sur moi, et ces reproductions spéciales ne sont pas belles à voir (elles ressemblent à Vuillermoz et à Laloy réunis). Passons. Je reviendrai sur ce sujet. • Après une assez courte adolescence, je devins un jeune homme ordinairement potable, pas plus. C'est à ce moment de ma vie que je commençai à penser et à écrire musicalement. Oui. Fâcheuse idée !... très fâcheuse idée !... En effet, car je ne tardai pas à faire usage d'une originalité (originale) déplaisante, hors de propos, antifrançaise, contre nature, etc… Alors, la vie fut pour moi tellement intenable, car je résolus de me retirer dans mes terres et de passer mes jours dans une tour d'ivoire — ou d'un autre métal (métallique). C'est ainsi que je pris goût pour la misanthropie ; que je cultivai l'hypocondrie ; et que je fus le plus mélancolique (de plomb) des humains. Je faisais peine à voir — même avec un lorgnon en or contrôlé. Oui. Et tout cela m'est advenu par la faute de la Musique. Cet art m'a fait plus de mal que de bien, lui : il m'a brouillé avec nombre de gens de qualité, fort honorables, plus que distingués, très « comme il faut ». Passons. Je reviendrai sur ce sujet. • Personnellement, je ne suis ni bon ni mauvais. J'oscille, puis-je dire. Aussi, n'ai-je jamais fait réellement de mal à quiconque — ni de bien, au surplus. Toutefois, j'ai beaucoup d'ennemis — de fidèles ennemis, naturellement. Pourquoi ? Cela tient à ce que, pour la plupart, ils ne me connaissent pas — ou ne me connaissent que de seconde main, par ouï-dire (des mensonges plus que menteurs), en somme. L'homme ne peut être parfait. Je ne leur en veux nullement : ils sont les premières victimes de leur inconscience et de leur manque de perspicacité... Pauvres gens !... Ainsi, les plains-je. Passons. Je reviendrai sur ce sujet.
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