7 décembre 2008
Bernard Faucon, espaces habités
Bernard Faucon, photographe et plasticien est né en 1950 à Apt ( Vaucluse).Il a été l'un des premiers artistes à explorer les grandes mises en scène photographiques. Il a reçu le Grand Prix National de la Photographie en 1989.
Sa pratique photographique commence à l'âge de 14 ans.
Dans les années 70, la série "Les grandes vacances" le fait remarquer.Elle montre des groupes de mannequins d'enfants habillés et installés dans des mises en scènes très étudiées, parfois accompagnés de quelques enfants réels. Cette œuvre inaugure à l'époque un genre encore peu exploré, celui de la mise en scène photographique.
Par la suite, son travail à évolué vers des formes plus épurées, exprimant l'absence, la mélancolie et l'échec du désir: dans les années 80, les chambres d'amour puis les chambres d'or montrent des pièces aménagées dans de vieilles maisons en ruine, sans présence humaine hormis quelques évocations furtives ou fondues dans le décor. A la fin des années 80, la série des Idoles et Sacrifices oppose à des paysages ensanglantés, des quasi monochromes doré qui montrent de jeunes adolescents au regard fixe, hypnotisé par un feu (hors champs).
Au début des années 90, il photographie une série de paysages où sont tracées en lettres blanches des phrases exprimant le désenchantement et les regrets.
Enfin, il termine son œuvre entre 93 et 95 par une série de paysages humains intitulée La fin de l'image: des photographies en très gros plan de corps d'enfants, de telle sorte qu'il soit difficile de déterminer quelles parties sont représentées. A même leur peau sont écrites en lettres blanches des phrases que l'artiste décrit lui-même comme des paroles murmurées, des formules sibyllines qui cachent d'énormes évidences, indécences. 1
Après cette dernière série, Bernard Faucon décide de suspendre son œuvre. Il poursuit néanmoins de 1997 à 2000 un projet intitulé Le plus beau jour de ma jeunesse avec des jeunes filles et jeunes gens de plus de vingt pays, invités à mettre en scène ce plus beau jour.
Bernard Faucon a du mal à se présenter comme un photographe ou un plasticien, préférant parler de démarche poétique. Le temps qui passe, l'angoisse du voyage et le vertige du désir sont ses formulations. Il a souvent exprimé son travail photographique sous formes de séries de mises en scène, rendant explicite sa vision du monde qui l'entoure, car il se situe au centre de tout. Ces mises en scène, événements uniques et << petites stations sur l'océan du temps >>, sont vite démontées après le déclic. Peu passionné par les expositions et la culture en général, ses sources sont sa propre vie, ses rencontres, ses fascinations et ses envies.
Le travail de Bernard Faucon joue sur le rapport humain/vivant, mais aussi sur le rapport corps/lumière.Le sujet réel de la photographie et de l'œuvre de Bernard Faucon semble être la lumière. Au fur et à mesure de l'évolution de ses productions, il n'utilise plus que des mannequins, des marionnettes . Plus tard, il revient à la représentation de l'enfant vivant souvent nu, comme pour répondre à la quête de l'autre et se trouver face au corps de l'autre. L'utilisation de modèle masculin évoque son trouble "androgyne" que l'artiste aura vécu à l'adolescence. Celui-ci était amoureux d'un garçon.
Pour lui, la photographie est un objet plat, muet, immobile. L'immobilité évoque la mobilité, le sentiment que l'image a une vie propre, une autonomie. L'artiste semble vouloir donner du poids à l'image, les évènements mis en scène dans les photographies sèment un trouble, une interrogation.
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