Manset
- "Un jour, j'ai écrit un bout de texte, sans penser que cela puisse faire l'objet d'une chanson. Je l'ai plaqué sur un accord. Un seul ! Et j'ai laissé le texte venir. C'est devenu Animal on est mal , qui est peut-être une réaction à ce qu'était la chanson à l'époque. Un ami directeur artistique s'est montré intéressé par le truc, a voulu le produire... mais il est parti en Amérique, et ça n'a pas pu se faire. Mais il m'avait foutu l'idée en tête ! Par la force des choses, je me suis débrouillé pour enregistrer et produire les titres d'un premier 45 tours : Animal , La femme-fusée et deux autres encore."
Pathé Marconi sort le titre en mai 68, au coeur du mouvement protestataire. Dans ces circonstances peu favorables, le nombre d'exemplaires vendus est minime. Pourtant son passage radio (en boucle pour cause de grève radiophonique) permet à certains de repérer ce nouveau talent.
Quelques mois plus tard sort, sous le même titre, un premier album. Certains ont pu y déceler un parfum de recherche mystique (de Je suis Dieu à On ne tue pas son prochain). Le disque obtient un succès d'estime.
Deux ans plus tard, La Mort d'Orion, un oratorio rock-symphonique aux arrangements élaborés révèle l'originalité de Gérard Manset. Les parties de cordes très développées confèrent à l'enregistrement un certain lyrisme. Vendu (à l'époque) à 20 000 exemplaires, tirage remarquable pour un album de ce genre, c'est l'un des premiers albums-concepts français à l'instar des anglo-saxons Pink Floyd ou Beatles.
En 1972, sa nouvelle production qui porte le titre Manset (avec au verso de la pochette la mention « Gérard ») va être à l'origine du « mythe Manset ». Surnommé le plus souvent Long long chemin ou l'album blanc, (en référence aux Beatles, ) on y trouve de longues plages aériennes, toutes reliées entre elles : L'Oiseau de Paradis, Donne-moi et Jeanne, par exemple, qui forment la face 2 de ce 33 tours jamais réédité en CD à ce jour.
À cette époque, Manset est un des rares auteurs-compositeurs-producteurs à posséder son propre studio d'enregistrement. Il y produira de nombreux artistes, dont William Sheller (Couleurs) ou Ange (Tout feu, tout flamme).
Le titre Il voyage en solitaire, en 1975, marque un tournant dans cette œuvre naissante, déjà riche et variée. Ce 45 tours est un tube et se vend à presque 300 000 exemplaires.Ce succès dérange l'artiste qui ne voit pas sa médiatisation d'un bon œil. En réaction, il enregistre en 1976 Rien à raconter, un album sombre contenant d'admirables morceaux, comme Les vases bleu(e)s.
Ce virage prend l'allure d'une rupture avec, en 1978, l'album très électrique intitulé 2870. La pochette est réalisée par Hipgnosis, la célèbre agence de design qui a signé de nombreuses pochettes dont les Pink Floyd. Il faut ouvrir un écrin de trois pochettes imbriquées pour découvrir le disque.
Du 15 février au 4 mars 2000, la galerie >auteurs a accueilli l'exposition photos La vallée de la paix. Le livre 72 heures à Angkor paraît en mai 2000 aux éditions Les Belles Lettres, suivi d'une nouvelle exposition de photographies : Gérard Manset, De Siem Reap à Khajuraho. Ces dernières années ont vu ressurgir l'auteur-compositeur, voire le producteur. Après sa contribution à l'album À la légère de Jane Birkin où il signe deux titres : Voyage au bout de la nuit et Et si tout était faux, composé une chanson pour l'album d'Indochine Paradize, La nuit des fées, il a participé au premier disque de Raphaël (Hôtel de l'Univers) à qui il a écrit Être Rimbaud et le texte de La mémoire des jours pour son second album La Réalité. À la même époque, il a donné Je jouais sous un banc à Juliette Gréco et le titre de son album Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez, extrait de cette chanson. Mars 2004, le nouvel album s'intitule Le langage oublié, son premier album enregistré entièrement en numérique, qui devait faire partie d'un projet plus vaste comprenant un livre homonyme et un second CD. Lors de la promotion, toujours minimale, l'homme a laissé échapper deux pistes : la scène, comme une possibilité future et l'envie de réaliser plus souvent des albums. Dans une interview, Gérard Manset avoue lui-même se considérer comme un « être de refus et d'échec ». Dernièrement, il a participé au troisième album de Raphaël, Caravane, sorti en mars 2005, en écrivant le texte Peut-être a-t-il rêvé. En avril 2006, il sort un nouvel album intitulé Obok, composé de neuf chansons « écrites pour la scène ». Il co-signe avec Raphaël la chanson Comme l'eau se souvient, pour Florent Pagny (Abracadabra). Pour la première fois depuis des années, il accepte qu'on publie une photo de lui en pleine page dans Paris-Match, et annonce qu'il entre en répétition pour un possible tour de chant en 2007. En 2008, il participe à l'écriture de trois titres sur l'album Bleu pétrole d'Alain Bashung, qui reprend en outre Il voyage en solitaire en final de l'album. Parmi ces titres figure la chanson au long cours Comme un lego que Manset chante à son tour quelques mois plus tard sur son album Manitoba ne répond plus, sorti en septembre.