Hector Poullet, voix de la Caraïbe "Nous sommes tous créoles"

Hector Poullet
envoyé par gensdelacaraibe. 

Né en Guadeloupe en 1938, quand Hector Poullet arrive en France à l'âge de 12 ans , le créole ne fait pas vraiment partie de ses préoccupations ni de son univers.Loin de sa terre natale , il suit la voie de ses parents: après des études à la Sorbonne, il entame une carrière en tant que prof de maths. Ce n'est qu'à son retour en Guadeloupe en 1968, alors qu'il est enseignant à Marie-Galante, que le jeune professeur se trouve confronté au « problème » de la langue créole. Ses élèves ont en effet le plus grand mal à comprendre ses théorèmes alors que ses compétences de prof, n'ont rien à voir là-dedans ! Il se rapproche alors de Gérard Lauriette, premier enseignant guadeloupéen à avoir posé ouvertement les bases d'un « enseignement associé du français et du créole ». Avec lui, il créera en 1970 le journal Mouchach.- d'apprendre le français. Leurs avis divergent, Hector poursuit son combat sans lui. Quelques années plus tard, il tente d'introduire le créole dans le cursus scolaire, mais se heurte à l'hostilité de l'Education Nationale . En 1982 pourtant, un texte officiel autorise l'enseignement des langues régionales et les cours de créole sont enfin intégrés aux emplois du temps. Aujourd'hui, ce « collectionneur de mots créole », comme il se définit lui-même, a à son actif de nombreux ouvrages et diverses collaborations dont le dictionnaire créole-français (1984).. Son jardin à Capesterre-Belle-Eau est une source d'idées de nouvelles recettes, de nouvelles greffes, de nouveaux plants. Il a par exemple tenté de commercialiser de la confiture de kumquat, d'oranges amères, de l'hydromel et produit actuellement du vin de carambole, une aventure commencée il y a 15 ans : « Nos produits comme notre langue doivent participer à la culture mondiale » dit-il, et de renchérir, « si on n'apporte rien à la table du monde, comment voulez-vous qu'on nous reconnaisse ? » Militant pour le créole et ardent défenseur de la Guadeloupe, Hector s'inscrit aussi dans d'autres combats comme celui qu'il mène depuis des années contre l'haïtiano-phobie. Un engagement qui lui vaut d'ailleurs de nombreuses railleries en Guadeloupe. Doté d'un sens de l'humour à toute épreuve, Hector est aussi disponible et à l'écoute des autres, en particulier des jeunes qui développent un "art caraïbe". Il publie avec Laurent Farrugia "Tous les hommes sont des créoles" , une réflexion philosophique partant du principe que chacun d'entre nous possède diverses filiations : que nous en soyons conscients ou pas, « nous sommes tous créoles, la vie est un énorme métier à métisser ».