Ataraxia "Kremasta Nera"

   Ataraxia compte plus d' une quinzaine d'albums à son actif, des concerts dans le monde entier mais n'ont ,en toute indépendance assumée , ni maison de disque affiliée, ni manager. "Kremasta Nera", le plus récent album, est sorti début 2007 aprés une gestation de plus d'une année.

Comme souvent chez Ataraxia, cet album a un thème, un Fil d'Ariane, il est dédié au thème du culte primordial de la Déesse Blanche dans l'Ile grecque de Samothrace.La Déesse Blanche était célébrée comme déesse de la Terre, de la nuit et des cycles de la Nature.

"Kremasta Nera" débute de façon tout à fait inaccoutumée par une puissante et grave litanie, inquiétante, presque funèbre (qui évoque les chants de mantras des moines tibétains), au mood initiatique et poètique.Francesca Nicoli, plus "sorcière" que jamais, déclame des formules secrètes et semble vouloir nous guider et nous ouvrir la Porte du temps, pour nous faire pénétrer dans ces mystères anciens...
Le second morceau, empreint d'une théatralité un peu affectée évoque comme dans une fresque les 9 rituels de dévotion en vigueur à cette époque, "le neuvième rituel n'a pas de nom"... et cet inconnue retient donc plus particulièrement notre attention.

Le troisième titre est aussi celui de l'album; "Krémasta Nera" est une superbe ballade en demi-teinte, égrenée par l'accompagnement de la guitare subtile et précise de Vittorio et le synthé discret de Giovanni.Avec un chant tout en douceur, ce titre laisse totalement la place à la légereté et à l'apaisement.La magie d'Ataraxia joue alors à plein.L'auditeur assiste ébahi à une quasi-réinvention de la notion de musique, par une délicatesse et une sérénité totalement assumée, que nos oreilles ont rarement l'occasion de goûter, toute en plénitude douce et vibrante, qui s'achève de façon organique en arabesques délièes et gracieuses.
"Ochram" poursuit l'enchantement et nous entraine dans une sarabande païenne, faussement naïve et fauve, néanmoins élégante et racée.La voix de francesca (surprise !) psalmodie en français : "La rivière est si grande, et là nous dormirons jusqu'à la fin du monde".
Suit "Therma" , une marche aux accents sobrement orientalisants, la voix de Francesca se mble possédée par un éclat sauvage, elle semble s'être muée dans la voie mutine d'une sylphe ou d'une Fée de la Nature, à moins que ce ne soit la Déèsse Blanche elle-même. Sentiment encore accentué dans "Efestia" ou son Chant d'une rare profondeur évoque le chant grégorien, sous les traits et l'emprise d'un charme trouble et humide, profondément féminin.
C'est avec des accents de saga (ou de sabbat) que débute "Ebur", marche qui sonne passablement théatrale à mon goût et donc plus "littéraire" que "musicale", c'est à mon avis le péché mignon d'Ataraxia qu'on retrouve souvent sur quelques titres de leurs albums, à coté de titres qui sont autant de chef d'oeuvres inspirés.Ces morceaux sont plein d'ambiances et d'images mais je leur préfère les morceaux qui exploitent plutôt l'immense potentiel de "musicalité pure " du groupe.
"Kaviria" est un peu dans une veine épique, cette sorte de morceaux en creux qu'on retrouve aussi sur leurs albums et qui font lien, nous emmènent comme dans un sas spatio-temporel en des domaines et contrées étranges ou l'on aurait jamais cru s'aventurer.
"Fengari" est une délicieuse ballade, pure et mystérieuse, toute saturée d' élévation mystique et d'intériorité libre/libérée...
"Klethra" sonne comme un classique du groupe (cf les albums Suenos et Saphyr) par son faux air de "flamenco médiéval"...Ataraxia y distille sa "farouche nostalgie" avec des accents à la fois cruels et tendres, un mélange savant de dépeçage au sabre et à l'épée, d'étoiles et de poudre d'Or..

"Gria Vathra", titre instrumental qu'on pourrait qualifier de brillant exercice de style gothique-progressif poursuit cet album avec les accents rouge sang d'un cheval fou de liberté en route pour de nouveaux combats, de nouvelles aventures.
"Migratio animae" trouve des accents inédits et musicalement new-age et fournit à Francesca l'occasion d'utiliser sa voix une nouvelle fois de façon généreuse et pleine. Plus qu'une voix, quelque chose d'indicible et de mystérieux s'opère...un culte, une célébration alchimique se noue, dont nous sommes les silencieux témoins.De témoins, nous devenons acteurs consentants, célébrant rien d'autre que le Mystère...Mystère de la Création et de la création musicale, réinvention mystique qui place l'auditeur (ou ce qu'il en reste ) en état de choc élégiaque !
Sans répit "Wings" , presque douloureux, nous entraine dans une nouvelle gestation dans les limbes de cîmes inapprochées.Tous repères abandonnés, nous flottons sur une Mer d'émotions....Le synthétiseur répétitif évoque Steve Reich et/ou Philipp Glass. "La fame e la danza" clôt l'album ..Mille féeries, mille voyages, milles tensions et mille épreuves résonnent dans la voix de Francesca. Nous reprenons notre souffle, c'est bientôt la fin de ce voyage hors du commun....qui s'achève sur les premiers mots de l'album, bouclant ainsi la boucle...
"Kremasta Nera" est un album dont l'accés demande plusieurs écoutes, aussi brillant qu'aride et sombre. Pour découvrir le groupe, l'auditeur peut commencer chronologiquement pour suivre leur évolution musicale (cf ataraxia.net) mais aussi par des albums majeurs (selon moi) comme "Lost Atlantis", "Suenos" ou "Saphyr" sans oublier l'excellent maxi sorti sur le label français Arkadyss "Des paroles blanches".Chaque pochette possède un visuel trés soigné et ce visuel peut aussi être un bon guide pour donner une idée de ce qui l'attends à l'auditeur curieux (que vous êtes sans doute si vous me lisez jusqu'ici.)

***Ne vous privez pas d' écouter le groupe, allez sur www.Ataraxia.net puis dans Discography, ou de nombreux titres sont en libre écoute.Vous trouverez la plupart de leur albums sur Amazon.fr & PriceMinister.com

Comments

[yabyum]

Ton site est merveilleux !!! je vais de ce pas ecouter cette artiste !!!! je sens que je vais le plaire ici !!! bises!!!